Test du Wind U90x.
Je pars souvent de mon camp de base alsacien pour Paris et la province. Du coup, ça fait longtemps qu'une solution mobile m'était nécessaire afin de pouvoir travailler dans de bonnes conditions en extérieur. En première intention, je souhaitais acquérir un Asus EEE, pour la mobilité réelle (nous sommes loin des transportables 22 pouces), l'autonomie et la robustesse. Finalement, en raison de la taille de l'écran trop petit, des problèmes récurrents de mémoire SSD, j'ai décidé de me tourner vers un MSI Wind Netbook U90x.
Voici les points qui ont influencé mon choix :
- le prix de 270 €
- le disque dur de 80 Go
- la possibilité d'acheter l'ordinateur avec Linux préinstallé
Une autre raison m'a poussé à choisir ce modèle. Un article d'OSNews relatait récemment le taux plus élevé, de manière significative, du retour des ordinateurs ayant Linux préinstallé. Bien évidemment, tout le monde pense que la raison est que l'utilisateur lambda est perdu sous Linux. La réalité est bien plus révoltante, comme nous allons le voir.
Le matériel.
La plastique de l'objet est réussie grâce à un plastique très agréable au toucher. Aussi bien les touches du clavier que la matière de la coque procurent une sensation agréable. Ce point est crucial lorsqu'on projette une utilisation courante dans l'IdTGV ramenant au pays. La sensibilité du touchpad surprend, et rend la saisie de texte assez pénible. Heureusement, il est possible de le désactiver via une touche bleue. Étrangement, le bouton du trackpad est très dur. Son usage s'en trouve donc limité. Finalement, on préférera une souris en lieu et place du trackpad, pour ceux qui ont l'absolue nécessité d'un périphérique de pointage.
Le notebook est livré avec une pochette, un adaptateur secteur et une batterie Li-Ion. Le transformateur du chargeur est étonnement volumineux, et rend son transport pénible, surtout si on tente de se contenter de la pochette. En effet, la pochette ne permet que de contenir l'ordinateur et quelques disques optiques. Bien sûr, on peut caser l'adaptateur secteur et une souris, mais on perd en classe (et c'est important la classe).
Pour en finir avec le clavier, outre son ergonomie, on a la surprise de voir la touche « Fenêtre » remplacée par une touche « Maison ». À ce moment là, on se dit qu'ils ont vraiment tout bien chiadé… jusqu'à ce qu'on allume le jouet.
Novell Suse Linux 10 (beta ?).
Comme tu le sais certainement, en France nous n'avons pas la loi québécoise 101, mais la loi Toubon. Cette loi impose que tout les produits, et en particulier les objets technologiques, soient vendus avec une notice en français, et que le produit lui-même s'exprime en français. Du moins, lorsque le produit est à destination des particuliers. Alors soit, une notice en français est fournie, mais le Linux en lui-même accueille le béotien en anglais. Le français moyen qui achètera donc ce portable se précipitera chez son fournisseur pour réclamer quand aux propos insultants jetés à sa face. Ayant quelques notions d'anglais, ce point n'était pas vraiment bloquant, même s'il l'est pour le grand public. Suse Linux commence donc par démarrer l'utilitaire de configuration de la distribution; Ainsi, le premier contact avec cette distribution est Yast. Les premières questions concernent la langue et la configuration du clavier. J'ai donc choisi le français et la configuration latin-9. Première surprise, l'utilitaire ne prend pas en compte immédiatement le paramétrage. Mais pire encore, lors du choix de la configuration du clavier, Yast nous dit qu'il faudra peut-être se connecter dans Yast pour modifier la configuration du clavier... ceci dit, la configuration du clavier est prise en compte, et la création du compte utilisateur et la saisie du mot de passe root ne posent pas de problème. Une fois que Yast a pris tous les renseignements qu'il lui était nécessaire, il démarre l'interface graphique et propose de nous identifier via GDM. Et c'est là que la mauvaise surprise nous attend : le clavier est configuré en qwerty. en QWERTY ! Alors que nous venons de sélectionner l'AZERTY. Amis francophones, vous savez ce qu'il vous reste à faire : apprendre par cœur le QWERTY ou choisir un identifiant et un mot de passe dont le placement des caractères sur le clavier est commun au QWERTY et à l'AZERTY.
Pour nous autres utilisateurs aguerris des distributions Linux depuis leur aulne, le problème sera mineur, et notre connaissance du QWERTY acquise en raison de la limitation des premiers systèmes d'exploitation sera amortie. Malheureusement, ce bogue antique provoquera un retour en magasin de la bête, puisque « ça ne marche pas ». Cette bêtise me déçoit beaucoup d'une distribution que j'estimais particulièrement. Il est inacceptable qu'une telle erreur puisse encore être tolérée dans une distribution Linux internationale. La résolution de se problème trouve son salut dans l'usage de Yast.
Nous sommes enfin arrivé sur le bureau GNOME. Propre, sans fioritures, mais avec un fort accent Microsoft, qui fait perdre son Unix à n'importe quel Geek. Même le menu nommé « Ordinateur » singe le menu « Démarrer » des OS Microsoft jusqu'à la caricature. Certes c'est joli est bien intégré au bureau, mais ce type de présentation manque cruellement d'efficacité (navigation au clavier pénible). D'ailleurs, l'ensemble du bureau semble suivre cette charte ergonomique. En fait de menu, c'est une vaste vue en icone qui est proposée lorsque l'on souhaite chercher et démarrer une application. C'est le genre de vue que les macounets affectionne, qui fit la gloire de Microsoft Windows 95, mais qui me font perdre un temps précieux, puisqu'on doit trouver une application dans un affichage multipage au touchpad. C'est pénible, et peu efficace. Le point positif est que les effets spéciaux de bureaux n'en desservent pas l'ergonomie, mais la complètent agréablement.
Usage avancé.
Versant quelque peu dans la programmation, j'ai besoin de toute une série d'outils fondamentaux à mes activités cabalistiques. Compilateur, éditeur de lien, de texte... mais ne fuyez donc pas comme ça ! Je ne parlerai pas de programmation, juste de l'installation des applications. Car si j'ai besoin d'installer des applications, d'autres auront besoin d'outils qui ne sont pas préinstallés. Bien qu'en fait la plupart des applications vitales sont préinstallées.
Donc en avant pour installer le compilateur. Très intelligemment, il y a une entrée immuable « Installation de logiciels » dans le menu « Ordinateur ». Un clique dessus et... on attend... quelques secondes... et pif paf message d'erreur : ça commence bien. N'étant pas né de la dernière pluie, je décide donc de passer outre et de chercher Yast, j'atteins le système d'installation intégré à Yast. Cette fois, pas d'erreur, je peux chercher l'application que je désire. J'ai trouvé gcc-g++, le sélectionne pour installation, valide tout ce qui doit l'être, et là, patatras, le gestionnaire d'applications requière le cdrom d'installation de la Suse, pour récupérer le paquet. Et oui, vous l'aurez compris, ces idiots de chez MSI n'ont pas jugé bon de copier les paquets de la distribution sur le disque dur. C'est véritablement dommage, puisque le disque dur est particulièrement large. Il pouvait bien accueillir quelques 600 Mo pour éviter le ridicule. Parce que dans l'absolu, le MSI Wind n'embarque pas de lecteur optique. Si au moins, plutôt que de fournir un cdrom, ils avaient fourni une carte SD avec la distribution pour un peu de cohérence.
Bref, je verrai lorsque je me connecterai à l'Internet.
Le réseau, Lupus et Novell.
L'un des grands intérêts du Netbook est sa mobilité. De pouvoir utiliser l'ordinateur dans des environnements sans-fil, de facilement se connecter à l'Internet. Mais me croirez-vous lorsque je vous dirais que le chipset Wifi n'est pas correctement pris en charge ?! C'est tout bonnement incroyable, un matériel vendu avec un système d'exploitation qui ne l'exploite pas pleinement. Tout ceci ne peut que me mener à déduire que le MSI Wind U90x n'a pas été testé avec Linux Suse Novell 10 préinstallé. Le moindre test de qualité aurait relevé les bogues et les problèmes graves que j'ai pu observer. C'est véritablement honteux.
Heureusement, il y a une prise réseau filaire, ce qui peut sauver l'affaire. Malheureusement, mettre à jour le système s'avère incroyablement complexe. En effet, il faut fouiller Yast2 pour trouver un outil intitulé « Vérification des supports ». Il faut véritablement avoir l'esprit tordu pour deviner que sous cet intitulé se cache l'assistant de configuration des sources logicielles. Bref, même si l'interface est quelque peu cabalistique, on peut s'en sortir et mettre le système à jour.
Trois heures, trois heures pour mettre à jour ce merdier ! Et encore, ce n'est pas terminé. Je suis reparti pour une mise à jour, et si je n'avais pas de noyaux différents proposés au démarrage, je croirais n'avoir rien fait. Bref, on va arrêter là le test.
Bilan.
Le MSI Wind est un matériel de qualité, agréable, qui malgré une faible autonomie (2h) est tout à fait acceptable. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de la distribution Novell Suse Linux, qui déçoit par ses inacceptables bogues qui rendent l'exploitation du MSI Wind U90x tout simplement impossible. Finalement, après avoir tenté de mettre à jour, après avoir viré le cdrom de la source de mises à jour, l'OS est devenu inexploitable. Je sens qu'une Debian va s'installer magiquement dessus…